Après la naissance de Patricia, une autre fille vint au monde, que l’on appela Milela. elle naquit à Takaroa dans les Tuamotus en 1957. A cette époque, il n’y avait pas de docteur sur l’île. Alors que Jacqueline était dans ses douleurs, un ami vint leur dire qu’il y avait un yacht qui mouillait dans le lagon et qu’un docteur américain se trouvait à bord. Hiro alla voir et réussit à faire comprendre la situation dans laquelle sa femme se trouvait. En dépit de la barrière de la langue, le docteur réussit à enseigner à Hiro comment procéder à un accouchement. Depuis cette expérience, il a pu aider à venir au monde plusieurs de ses enfants, petits enfants et même l’enfant de sa sœur.

Le 13 septembre 1958, Lynn Hiro vint au monde. C’est Hiro qui aida sa femme à accoucher. Il vécut jusqu’au 12 mars 1959, date à laquelle il mourut suite à une crise de dysenterie.

Le 25 janvier 1960, naquit Roselyne Paia. Sa naissance eut lieu à Pirae, sur l’île de Tahiti, dans la maison familiale de Fataua. C’est son père qui aida à la mettre au monde car Jacqueline ne voulait pas aller à l’hôpital. Hiro s’occupa de tout et amena le bébé à l’hôpital pour que les docteurs l’examinent et lui fassent le certificat de naissance. Tous les médecins furent impressionnés par ses aptitudes à mener à bien des accouchements.

Des années plus tard, en 1979, une des filles de Hiro, Milela tomba enceinte. Elle était à peu près au terme de sa grossesse et Hiro travaillait alors pour l’école de l’Eglise dont il conduisait le bus. Il eut un jour l’impression très forte que quelque chose n’allait pas. Il pensa que quelque chose n’allait pas chez lui. Il essaya de chasser cette pensée mais ce sentiment persista. Il emprunta donc le scooter de l’école et revint chez lui. Quand il entra dans la maison il vit sortir Ernest, le mari de Milela, avec une valise. Hiro demanda ce qui se passait et Ernest lui dit que Mila avait ses douleurs et qu’ils allaient à l’hôpital. Hiro se dit qu’il ferait bien d’aller voir dans quel état elle se trouvait. Quand il entra dans sa chambre, Milela lui dit qu’elle ne pouvait plus attendre, que le bébé arrivait. Quand Hiro l’examina, il vit que la tête du bébé était déjà sortie. Il demanda à Jacqueline de lui procurer des linges propres et procéda à l’accouchement du bébé sans aucun problème. Quant à Ernest, dès qu’il vit un peu de sang, il s’évanouit.

Hiro était aussi bon chanteur que danseur. Il était toujours responsable de la musique. Entre 1956 et 1978, il y avait des bateaux de croisière qui faisaient escale à Tahiti. Il y avait deux navires de la Matson Line, le Mariposa et le Monterey. L’église offrait toujours un spectacle de chants et de danses pour les croisiéristes et Hiro en avait la responsabilité. Il avait environ 80 personnes dans son groupe. Pour les remercier, le capitaine leur offrait une séance de cinéma dans le théâtre du bateau et leur offrait des rafraîchissements. Hiro réalisa ces spectacles jusqu’à ce que ces navires soient vendus à une société japonaise qui les transforma en restaurants flottants. Ils connurent beaucoup de bons moments avec ces spectacles. Ils étaient en général d’une durée de 45 minutes environ. Le chœur chantait l’hymne français, des chants tahitiens traditionnels, et ensuite les Mama Ruau entraient en scène pour danser. C’était ensuite au tour des Papa Ruau de les rejoindre, suivis par les jeunes adultes, les jeunes gens et les jeunes filles, et les petits enfants. Tout le monde voulait monter à bord, mais tout le monde ne voulait pas faire partie du spectacle. Comme le navire n’autorisait que 80 personnes à bord en même temps, ils établirent pour règle que seuls celles et ceux qui participaient au spectacle pourraient monter à bord du bateau.

En 1960, Tom Stone, vieil ami missionnaire de Hiro vint leur rendre visite. Il dit à Hiro qu’il devait songer à se procurer sa propre maison. Il y avait trop de gens qui vivaient dans la maison de ses parents. Tom pensait qu’une famille devait avoir un logement à elle. Il informa Hiro qu’il y avait un terrain à vendre d’une valeur de 60 000 francs pacifiques. Jacqueline avait économisé de l’argent grâce aux nacres qu’elle avait reçues en rétribution de son travail. Avec cet argent, ils furent en mesure d’acheter ce terrain. Il leur fallut quatre ans pour construire leur maison. Ils construisaient tant qu’ils avaient assez d’argent. Puis ils s’arrêtaient et dès qu’ils avaient à nouveau suffisamment d’argent pour acheter le matériel dont ils avaient besoin, ils poursuivaient la construction. La plupart du temps, seuls Hiro et son père y travaillaient. Un ami de Hiro lui dit d’aller faire un prêt bancaire pour terminer sa maison d’une seule traite. Mais Tauapiti lui dit de ne pas le faire attendu qu’ils n’avaient pas de sources de revenus stables. Si quelque chose arrivait, ils courraient le risque de tout perdre. Hiro décida donc de poursuivre la construction au fur et à mesure que ses moyens le lui permettaient.

La recherche d’un emploi était une activité permanente, et en 1962, Tauapiti eut une opportunité qu’il ne pouvait laisser passer. Il ne s’agissait pas d’un emploi permanent mais qui payait bien pour l’époque. Il signa pour travailler en extra sur le plateau du film « les mutinés de la Bounty » avec Marlon Brandon en vedette. Hiro se souvient qu’il recevait environ 100 tara par jour, soit l’équivalent d’environ cinq dollars. Les repas n’étaient toutefois pas compris. Les scènes étaient tournées autant de fois que nécessaire jusqu’à ce qu’elles soient finalement acceptées. C’était un travail fastidieux mais qui en valait la peine au niveau du salaire. Hiro participa au chœur qui interpréta le chant thématique du film « Haere Mai », composé des églises mormones et « sanito » qui disposaient des meilleures chorales de l’époque. Il ne gagna pas d’argent pour cela mais reçut un disque et un livre de souvenirs sur la réalisation du film.

Carol Anne vint au monde le 11 novembre 1962. Puis ce fut le tour de Liane le 5 février 1964. Ils aménagèrent dans leur maison maison en 1965.

Le 13 juin 1967, naquit Hiro Paul.

Les médecins dirent à Jacqueline qu’elle ne devrait plus avoir d’ enfants, que dix étaient suffisants. Ils lui dirent qu’elle pouvait se faire opérer pour ne plus avoir d’enfants. Elle en parla à son mari qui s’opposa à l’opération. Son sentiment était que si Dieu voulait leur donner d’autres enfants, tant que sa femme pourrait en avoir (elle n’avait jamais eu de problème pour en avoir), ils en auraient d’autres si cela devait arriver. En fait, ils pensaient qu’ils n’en auraient plus d’autres jusqu’à l’arrivée dans leur foyer de Heitiare Cyndie Vyona le 19 janvier 1974.

Un an et demi plus tard, le 1er août 1975, c’est Myranda Maite Christiane qui vit le jour. Elle fut leur dernier enfant. Hiro est très heureux d’avoir eu tous ses enfants, et est fier de chacun d’entre eux. Il y a des gens qui le critiquent pour en avoir autant. Mais il n’en donnerait un pour rien au monde, et il pense profondément que grâce à eux sa vie n’en a été que meilleure.

En 1965, toute la famille s’envola pour la Nouvelle Zélande afin d’aller au Temple de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Ils avaient économisé pendant longtemps pour mener ce voyage à bien. C’était la première fois que toute la famille entreprenait ensemble un long voyage. Ils y retournèrent une seconde fois en 1974.

Dans les années 50, on découvrit que Turia, la maman de Hiro avait du diabète. Au début des années soixante, alors qu’elle descendait d’un bus, quelqu’un marcha sur un de ses orteils. Il s’infecta et la plaie ne put guérir en raison du diabète. Finalement, il fallut lui amputer la jambe. Lorsqu’elle mourut en 1969, ses deux jambes avaient été amputées.